Impacts de la crise Covid-19 sur la prise en charge du glaucome : de l’intérêt de la mise en place des téléconsultations
A l’occasion de la semaine mondiale du glaucome, l’UNADEV a organisé le 10 mars dernier, un webinaire en partenariat avec la SFG, l’AFG et le laboratoire Santen. Animé par le docteur Gérald KIERZEK (médecin hospitalier, urgentiste anesthésiste-réanimateur et directeur médical de Doctissimo Groupe TF1/LCI), cet échange portait sur les « Impacts de la crise Covid-19 sur la prise en charge du Glaucome », ses répercussions sur la gestion du glaucome par les praticiens et les patients.
Si l’on constate que cette pandémie et les confinements ont eu un réel impact sur le comportement des patients, on notera la réactivité des acteurs de santé dans leur prise en charge, dès lors qu’ils se sont appuyés sur les téléconsultations.
55 % des patients admettent ne pas avoir utilisé leurs gouttes lors de la pandémie.
Pour Catherine CURUTCHET, Président Directeur Général France – Benelux- North Africa Santen Pharmaceutical qui présentait les résultats de son étude européenne patients « 2/3 des patients sont parfaitement conscients des risques encourus lorsqu’on ne poursuit pas son traitement et pourtant un patient interrogé sur 2 (55%) atteint de glaucome déclare ne pas avoir administré ses gouttes pour les yeux telle que prescrites, pendant la pandémie de Covid-19. 41% d’entre eux ont été trop occupés par leurs obligations domestiques ou familiales pour aller chercher leur traitement à la pharmacie à cause de la crise sanitaire. Et un tiers des personnes interrogées (32%) a choisi de ne pas consulter un professionnel de santé en cabinet de peur de contracter la Covid-19. »
Pour Marie Métais, retraitée cadre de santé au CHU de Bordeaux, bénévole AFG et patiente atteinte d’un glaucome : de nombreux patients glaucomateux se sont isolés et n’avaient même plus leurs aides à domicile pour les aider à prendre leur collyre.
Un monde à l’arrêt
Pour le Professeur Philippe DENIS Chef de service d’ophtalmologie de l’Hôpital de la Croix-Rousse et Président de la Société Française du glaucome (SFG), « On a pu constater 2 grandes phases dans cette crise. Le 1er confinement où on a clairement vu le monde s’arrêter, une sorte de sidération de la société, à la fois de la part des patients mais aussi du monde médical. Tout s’est arrêté, les opérations, les rendez-vous de suivi, les diagnostics. Lors du 2ème confinement, les patients ont décidé de revenir mais cette fois-ci, c’est nous soignants qui devions faire face à une totale réorganisation, nous avions des consignes totalement divergentes et devions tenter de rattraper notre retard. » Comme le confirme le Professeur Florent APTEL, Professeur des Universités et Praticien Hospitalier au CHU de Grenoble et à la Faculté de Médecine de Grenoble, Président du Comité Scientifique de l’Association France Glaucome (AFG) : « Nous avons également dû faire face à de nombreux départs de personnels infirmiers par lassitude ou fatigue… Les hôpitaux publics vont avoir du mal à se remettre de cette crise et cela risque de prendre encore plusieurs mois pour s’en remettre. »
La téléconsultation, la meilleure alternative
Il a donc fallu très vite trouver une solution pour rassurer et informer les patients qui avaient cessé toute prise en charge. Comme le confirme le Docteur François PELEN, ophtalmologue, pharmacologue et cofondateur du Groupe Point Vision : « Du jour au lendemain nous avons perdu 97 % de nos patients, il y a eu une erreur des autorités qui ont interdit les consultations de ville. Nous avons donc très rapidement, dans les 8 jours qui ont suivi les premières annonces, mis en place des téléconsultations. Près de 6000 visios ont ainsi pu avoir lieu pendant le 1er confinement. Les ordonnances de certains ont été prolongés et toutes les questions liées au Covid associées à leur pathologie, abordées. Quant aux patients qui eux vivaient des situations plus graves, comme un décollement de la rétine, mais qui hésitaient à se faire traiter, nous les avons très vivement incité à se rendre dans des services d’urgence. »
En conclusion, même si pendant une crise comme celle que nous traversons, il n’est pas aisé de proposer une consultation ophtalmologique à distance, en raison des appareils et outils de mesure utilisés, il est fondamental pour les patients et leur médecin de maintenir un lien, que ce soit pour le glaucome ou toute autre maladie chronique.